La décision raisonnable de confiner les résidents d’EHPAD en chambre en renfort des mesures barrières dans les EHPAD semble être indispensable pour limiter l’intrusion du virus dans les établissements. Cependant, cette décision est parfois difficile à prendre en raison de l’effet délétère des confinements et de l’isolement social des résidents âgées, fragiles, en rupture d’autonomie.
Peu de travaux ont étudié de fait les conséquences de ce confinement et de cette solitude. Cependant, quelques publications récentes ont montré que l’isolement social chez les âgés avait des conséquences graves. Le travail de 2016 de Nicole VALTORTA de l’université de York, démontrait que l’isolement social pouvait entraîner, un risque accru de 29% d’avoir une crise cardiaque et de 32% d’être victime d’un accident vasculaire cérébral (1).
En octobre 2018, le Docteur Kassandra ALCAZAR publiait dans l’American journal of epidemiology, que la solitude analysée sur une cohorte de 580 182 personnes, élevait le risque de mort prématurée de 14%.
Les travaux de SUTIN A.R. and co de l’université de Floride (octobre 2018), ont objectivé que la solitude augmentait de 40% le risque de démence.L’étude de l’université de Chicago de 2014 réalisée par les Cacioppo J.T. et CACIOPPO.S « Social relationships and health : the toxic effects of perceived social isolation », a démontré que cette isolement favorisait les états dépressifs et nuisait à la qualité du sommeil.
Quoiqu’il en soit, la mise en isolement en chambre des résidents d’EHPAD nécessite une surveillance accrue de rupture de l’état antérieur en particulier :
- sur l’état thymique (refus, agressivité, hostilité, apathie, résignation…),
- sur le plan psychiatrique (apparition d’états dépressifs sous toutes ses formes : mélancolique, délirant, bouffées anxieuses, hallucinations, idées suicidaires, idées de mort, plaintes centrées sur les dysfonctionnements somatiques …)
- sur le plan démentiel (aggravation d’un état préexistant, apparition de troubles cognitifs, diminution des aptitudes à raisonner à la prise de décision, affect émoussé…)
mais également sous la forme de : - plaintes variées somatiques, psychologiques pouvant aller jusqu’à des idées fixes et des conduites addictives (boulimie, …).
- troubles du sommeil (hypersomnie / insomnie)
Ces sujets fragilisés par les pertes sociales, la rupture des liens familiaux, la perte des repères au sein de l’établissement vont être systématiquement fragilisés et vont nécessiter de la part des équipes des thérapeutiques non médicamenteuses, des animations flash, nécessitant un réajustement du projet d’accompagnement personnalisé pour toute la durée de confinement.
Une sensibilisation de toutes les équipes est à instaurer afin d’éviter le plus possible ces effets délétères.
[1] « Loneliness can lead to increased risk of heart disease and stoke » – Nicole VALTORTA – Department of health sciences university of York